La Bête

T01

de Frank Pé et Zidrou

09/10/2020

L'avis de Patrice

Arrivé dans le port d’Anvers lors d’une journée orageuse et pluvieuse commençant à nous mettre dans une ambiance grise et angoissante, le Condor n’est plus qu’un bateau poubelle qu’une panne a retenu plus de 20 jours en mer, laissant sa cargaison illicite, issue du braconnage, mourir et s’entretuer. 
Du bateau s’échappe une bête étrange, poussiéreuse, affaiblie, ressemblant à un singe coloré avec une queue de 9 à 10 mètres, comme si « un naturaliste bourré lui aurait collé un tuyau d’arrosage au cul » et poussant un sonore « Houba ! » Que fait cet animal perdu dans cette contrée inconnue ?
Deuxième acte. Le petit François Van Den Bosche, que ses camarades de classe appellent Van le boche, son père allemand ayant repris sa vie antérieure à la fin de la guerre, laissant François et sa charmante maman avec une réputation douteuse. Mais il a un don : il s’entend très bien avec les animaux, transformant sa maison en ménagerie, au grand dam de sa mère, mais pour son plus grand bonheur – et le nôtre aussi, Frank laissant libre cours à son imagination animalière.
Toute cette histoire est basée sur la rencontre de ce jeune homme tourmenté et de cette Bête, affamée, amaigrie, puante et à moitié morte quand elle arrive enfin dans la ménagerie familiale.
Mais la société n’accepte pas les différences… 
 
Plus de 50 ans après la création du Marsupilami, célèbre animal imaginé par Franquin dont la première apparition dans Spirou et les Héritiers a été le début d’une longue histoire, a lui aussi droit à une histoire longue et beaucoup plus sombre. Le Marsu est aux abois, apeuré, ne se sentant bien que dans cette ménagerie familiale et aux coté de François et de sa maman. 
 
Quel pied ! Quelle histoire. Elle m’a transporté dans ma jeunesse quand, dévorant les aventures de Spirou, je m’évadais, m’imaginant à la place des héros. Zidrou a mis beaucoup de références, jusqu’au vétérinaire aux airs de Yvan Delporte hirsute, mais dépeint cet animal créé mignon de manière plus sauvage, anguleux, féroce… mais déjà très humain !
De son côté Frank Pé, qui nous a déjà habitué à des séries animalières, laisse son art s’exprimer pleinement, dessinant des animaux à la perfection en y ajoutant une forme d’humanité rigolarde. 
 
Seul hic ! Arrivant à la fin des 155 pages s’apercevoir que l’histoire continuera dans le T2… et l’attente va être longue !